Trudeaulogie

Et

Trudeaumagie

C’est un fait bien connu que le nouveau Métro à venir   tout comme les lignes du Métro actuellement en service en passe d'être renouvelé    en plus d’être un transport passager efficace ne cesse également de constituer un véhicule d’information à tout venant. Sous une forme ou une autre.

Dans cette optique, je propose au jour le jour quelques sujets de Communication en rapport avec certains événements conjoncturels débattus la`comme ailleurs. De nos jours, c'est un fait, grâce à l'informatique et les nouveaux médias, la chose publique, bien sûr,  se discute sur n'importe quelle place publique. Ainsi en est-il  aussi  au niveau du Métro de Montréal. Par médias ou messages virtuels interposés. Via toutes les formes de plateformes de diffusion ou d'information. À l'ère de l'Internet, de la Toile mondiale et de l'Économie du Savoir.

Tant de choses publiquement se disent ou «s'entre-disent» dans le contexte de notre actualité au jour le jour. Quoi prendre ou quoi comprendre ?

Se pourrait-il que cette analyse sur l'implicite et la présupposition ayant trait à

«Dire et ne pas dire»

– selon une étude menée par Oswald Ducrot linguiste bien connu    saurait peut-être nous apporter certains éléments de compréhension dans cet univers de dits et de non dits qui nous englobe quotidiennement.

À ce propos, un personnage tout aussi bien connu au Canada - j`allais dire de père en fils – me ramène à l’esprit cette manière bien particulière qu’avait à son époque un des premiers ministres du pays, le Très honorable Pierre Elliott Trudeau, de répondre aux questions qui lui étaient posées.

Il revenait de Chine et avait même visité «les Murailles de Chine» en compagnie de sa jeune épouse Margaret Joan Sinclair Trudeau.


Une meute de journalistes et toute une batterie de microphones et de caméras l’attendaient à l’aéroport qui porte d'ailleurs actuellement son nom.

Avec un sourire et un regard si perçant qu’il semblait encore scruter le ciel même après sa descente d’avion, à tout ce monde de la presse qui ne cessait de le photographier et de l’interroger sur les retombées économiques et politiques de ce percutant voyage, pour toute réponse il leur déclara :

 

«Le ciel est bleu, la terre est ronde !

(Émission des nouvelles télévisées à Radio Canada, Retour de Chine du Premier ministre Pierre Elliott Trudeau, début des années 1970).

Ici, le lien unissant l'implicite au littéral dans ce récit, s'il avait pour objet de décerner un prix soit à l'auteur de « Dire et ne pas dire », soit à l'acteur non moins célèbre d'une telle manoeuvre stylistique pourrait faire apparaître le type de problème qui surgit à propos de cet inventaire formulé par Oswald Ducrot. Car cette classification des modes discursifs d'implication et cet autre type d'implicite, non discursif, auquel Ducrot réserve le nom de «présupposition» ou

« présupposition linguistique »
amène à se poser les questions suivantes:


L'implicite de l'énoncé, est-ce un procédé banal pour laisser entendre les faits qu'on ne veut pas signaler de façon explicite, en présentant à leur place des faits qui peuvent apparaître comme la cause ou la conséquence nécessaire des premiers ?

 

L'implicite fondé sur l’énonciation,fait-il apparaître ce que nous appellons les « sous-entendus » du discours où l'acte de prendre la parole ne serait en fait ni un acte libre, ni un acte gratuit, où toute parole doit se présenter comme motivée ?

Autrement dit, l’exercice ici est-il soumis à la découverte du destinataire comme étant une manifestation involontaire, ou se trouve-t-il imposé par le locuteur comme étant justement une manoeuvre stylistique bien rodée ?

La réponse à ces questions vient de Ducrot lui-même. Il nous dit :

« L'implicite, ici, n'est plus à chercher au niveau de l’énoncé, comme le prolongement ou un complément du niveau explicite, mais à un niveau plus profond, comme une condition d'existence d'énonciation ». (Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, implicite et présupposition, Recueil de textes Hiver 2000, page 9).

Le problème de l'implicite, tel que présenté par Ducrot,

« C'est de savoir comment on peut dire quelque chose sans accepter pour autant la responsabilité de l'avoir dit, ce qui revient à bénéficier de l’efficacité de la parole et de l'innocence du silence. »

C'est que, le plus souvent, le locuteur réduit sa responsabilité à la signification littérale d'une manière indépendante, tandis que la signification implicite, due à un raisonnement ou à une interprétation, peut être mise à la charge de l'auditeur, qui prend les risques attachés à ses conclusions.

L'implicite, selon Ducrot, «n'est donc pas trouvé, mais reconstitué». (Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, Implicite et présupposition, Recueil de textes, Hiver 2000, page 12).

La question maintenant est de savoir si l'implicite répond à une intention du locuteur ou à une interprétation du seul destinataire.


Cette  approche  s'oppose   à   la  découverte de l'implicite comme révélant   une profondeur du message inconnue du locuteur. C'est ce que Ducrot appelle 

«
l’implication comme manifestation involontaire » car on en refuse au locuteur la connaissance consciente.




Mais s’il y a ruse du locuteur on parle alors de  « manoeuvre stylistique » où le locuteur cherche à prendre le destinataire à son propre jeu de raisonnements.


On parle aussi de  « rhétorique connotative »  due à l'union d'une expression avec un contenu, devenu lui-même un langage par glissement stylistique vers le code institutionnel qu'est la rhétorique.

Finalement, il y a opposition à la  « signification exprimée » quand on parle d'implication, et de  « signification attestée »  où l'implicite est vécu au lieu d'être formulé. Ainsi en donne un exemple l'auteur bien connu Gide, à propos du plus grand poète français qu'on lui demande de désigner. Sa réponse est aussi bien connue : « Victor Hugo, hélas ! » déclare-t-il. Ici, selon Ducrot, l'interjection devient une parole qui témoigne pour elle-même. (Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, Implicite et présupposition, Recueil de textes, Hiver 2000, page 19).



Quelle belle tentation ici de parler de l'un des plus grands politiciens canadiens connus et de s'écrier aujourd'hui à propos de l'on ne sait quelle « fuddle duddle » sémantique –  comme au 16 février 1971  –  toute aussi bien connue :

«Pierre "ET L'AUTRE" Trudeau» ?

Pardon !

«Pierre E L L I OTT Trudeau,

N’est-ce pas ?»



Se crée-t-il dès lors un statut intérimaire entre la stylistique et la rhétorique pour parler avec Ducrot de signification implicite attestée, comparativement à une signification explicite exprimée, à savoir si l’on ne dit pas est-ce que cela va…

…sans dire ?


Qu'en est-il alors de l'acte d'affirmation devenue valeur implicite d'authentifier le dit par le dire ?

Ainsi, dans cette lecture, il est question de cesser de définir la langue, à la façon de Saussure,  comme un code, c’est-à-dire comme un instrument de communication, pris au sens étroit, qui serait l’échéance de connaissance.

Ferdinand de Saussure, né à Genève le 26 novembre 1857 et mort au château de Vufflens-sur-Morges le 22 février 1913, est un linguiste suisse, fondateur du structuralisme en linguistique),

«Par définition, en effet, une information encodée est une information manifeste qui se donne comme telle, s’avoue, s’étale.

.

«Ce qui est dans le code est totalement dit ou n’est pas dit du tout dans ce cas».

(Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, implicite et présupposition, Recueil de textes, Hiver 2000, page 5).

Au contraire, selon Ducrot, il s’agit de « considérer la langue comme un jeu, ou, plus exactement comme posant les règles d’un jeu qui se confondant largement avec l’existence quotidienne » (Idem, page 4).



La thèse principale ici, de Ducrot, est que le phénomène de la présupposition linguistique fait apparaître, à l’intérieur de la langue, tout un dispositif de conventions et de lois, qui doit se comprendre comme un cadre institutionnel réglant le débat des individus. Somme toute, selon Ducrot, il y a des thèmes entiers qui sont frappés d’interdits et protégés, par une sorte de loi du silence : pour chaque locuteur, dans chaque situation particulière, il y a différents types d’information qu’il n’a pas le droit de donner. Non qu’elles soient en elles-mêmes objet d’une prohibition, mais que l’acte de les donner constituerait une attitude considérée comme répréhensible.



Il y a des règles, selon Ducrot, qui définissent conventionnellement le jeu du langage. Ducrot maintient ici l’analogie établie par Saussure entre la langue et le jeu des échecs comme valeur polémique.



(Je n'ai pas osé dire «La Boxe» comme valeur polémique, mais libre à chacun de choisir selon son libre arbitre !) (L.B)

Il inclut donc la présupposition dans le cadre des manoeuvres qui rendent possible ce jeu. Un jeu qui consiste à dire et ne pas dire. Ce qui amène Ducrot à ranger la présupposition parmi les formes de l'implicite en soulignant que « au même titre que le posé, le présupposé fait partie de la signification littérale des énoncés.» (Idem page 24).


C’est donc dans une perspective d’avenir qu’il convient de placer l’initiative d’Oswald Ducrot qui conteste l’idée que la langue est, essentiellement, un code, un instrument pour la transmission de l’information. Il propose donc de nuancer, voire mettre en question la définition de la langue comme instrument de Communication.


De l’épistémologie scientifique (partie de la philosophie qui étudie l’Histoire, les Méthodes. les principes des Sciences) dans le domaine linguistique, on dit qu’elle n’existerait pas vraiment, que les essais actuels ne seraient que préface, malgré Bachelard, Balibar et Macherey, selon Georges Mounin. Pour ce dernier :

«Toute l’histoire d’une pensée en linguistique comme ailleurs, invite à méditer sur une vieille formule de Brunetière contre Taine lorsqu’il se demandait si l’essentiel n’était pas de montrer



  « Par où Shakespeare est Shakespearien,


           Que plutôt par où il est anglais ! »

(Gaston Bachelard, philosophe français des sciences et de la poésie)
(Étienne Balibar, philosophe français)
(Pierre Macherey, Philosophe français du XXe siècle)
(Georges Mounin, La linguistique du XXe siècle, Presse universitaire de France, 1972, page 226.)
(Fernand Brunetière, critique littéraire français et Hippolyte Adolphe Taine, philosophe et historien français).


Et se prolongent encore ma réflexion et ma méditation du début des années 1970 qui me ramène virtuellement en Chine sur les traces de Pierre Elliott Trudeau, histoire de lire entre les lignes ou sur les Murailles de Chine le sens sibyllin attaché ce jour-là à cette phrase d’apparence si limpide - et  innocente  –   à faire rêver de clarté infinie et d’harmonie universelle...
Par la magie de Pierre qui semble vouloir faire...

Oh !..

 ... « Just'un ?»




... qui semble vouloir faire
d'une
« Pierre » 


Deux coups !...


…Quand il déclare à qui veut bien l'entendre:



« Le ciel est bleu !»

« La terre est ronde !»

 

 



Gros plan sur l'actualité (Vidéo)

 

 

Lucien BONNET
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